32 années d'expérience professionelle

J'avais 17 ans lorsque j'ai décroché mon premier emploie payé impliquant de la programmation. Je n'ai pas trop de mérite à l'avoir obtenu, c'était pour le regroupement de magasins de meubles que dirigeait mon père. C'était quand même un logiciel ambitieux. Je consolidais les ventes de la douzaines de magasins membre, et j'en sortais des statistiques de ventes dans diverses catégories. Ça permettait aux membres de voir quels meubles se vendaient bien ailleurs, et ainsi tenter d'augmenter leurs propres ventes.

Ça fait déjà 32 ans de ça. Une éternité en informatique. Le logiciel était écrit en Quick Basic, et roulait sur DOS 6.2. Au début, tout devait être entré à la main car ces commerçants n'avaient pas de systèmes informatisés leur permettant de me transférer ces données. Ils me faxaient leur liste des ventes, et j'entrais tout, une fois par mois. Un travail de moine.

J'en ai traversé des technologies. J'en ai appris des languages. J'en ai bâti des applications et des librairies.

Mais aujourd'hui, à l'aube de mes 50 ans, je me sens bizarre. Alors que les appareils que j'utilise ont beaucoup changé, la programmation n'a pas tant que ça évoluée. Je n'ai pas l'impression que le C#, le Swift ou le Kotlin que je vois aujourd'hui est tant en avance sur le Quick Basic que j'ai utilisé pour ce premier contrat. Les languages et librairies ont suivi les courants et les systèmes, mais pas nécessairement à l'avantage des développeurs.

D'accord, le language de programmation est une extension de la plateforme, mais je me demande parfois dans quoi de concret j'ai réellement investi mes 32 dernières années. Ce que je maitrise aujourd'hui sera à recommencer dans quelques années.

Ces temps-ci, notre équipe fait du Kotlin. J'essaie de suivre. Je m'amuse à voir qu'ils bloquent sur les mêmes choses qu'avant, ou à tout le moins qu'ils bloquent aussi souvent qu'avant, mais je ne m'amuse plus à apprendre, comme si j'avais peur de cet autre investissement qui s'avérera aussi peu constructif que les autres.

A-t'on le droit de devenir paresseux un jour?